Vilnius
LITUANIE : Première journée à Vilnius. j’ai marché, j’ai regardé, je me suis perdu, et la journée s’est écoulée, je l’ai laissée faire…
Première journée à Vilnius,
Il pleuvait certes… une petite bruine comme on en fait par chez nous. Pour commencer ce voyage sans trop de dépaysement. Petite entame en douceur…
Malgré cela, j’ai marché, j’ai regardé, je me suis perdu, j’ai levé les yeux pour mieux voir ce qui m’entourait, je me suis retrouvé des fois, même repéré (ce n’est pas une ville difficile) et la journée s’est écoulée, je l’ai laissée faire…
Aujourd’hui, j’ai navigué sans plan, sans guide, dans la vieille ville de Vilnius.
On peut y passer du temps, je vous le dis, quand on en a plein dans la musette… alors j’ai bravé le mauvais temps et pris le mien pour profiter de cette ville qui me laisse ce soir un goût de tranquillité et de satisfaction…
Bien sûr, j’étais loin de m’imaginer cela. Ceux qui me connaissent savent de toute façon comment je prépare mes voyages… en gros je ne savais rien de cette ville. Pas difficile dès lors d’être surpris.
En tout cas, pas mal de mes préjugés sont tombés aujourd’hui. Vilnius est une ville qui va vite devenir moderne puisqu’une grande partie l’est déjà. Téléphones portables, habits de la dernière mode (la même que la nôtre et même la prochaine, des fois), grosses voitures allemandes, grands magasins… la vie ne semble pas très différente ici que chez nous…
Ou sont passés les vestiges de l’ère communiste ? Ce n’est pas que je leur souhaitais cela, mais
je n’ai pas vu les tours grises, les vieilles voitures pourries ou les vieux papis descendant de leur campagne pour vendre leurs marchandises… Pas de commerce extérieur, peu de marchés, tous les prix sont affichés et plutôt élevés…
Bref, je me mettais le doigt dans l’œil et il était bien enfoncé.
Vilnius est une ville très colorée, qui assume son apprentissage de « l’occidentalisme ». Pour l’instant elle a l’air d’en prendre le meilleur, cela durera-t-il ?
Vilnius reste en construction et j’aime ce contraste permanent entre les bâtiments flambant neufs et les autres délabrés qu’on rencontre encore beaucoup et qui attendent patiemment que l’on veuille bien s’occuper d’eux. La pierre et la brique règnent en maître dans le centre alors que le bois (pour les maisons individuelles) ou le béton (pour les immeubles) s’occupent de la périphérie…
En tout cas, ce n’est pas plus gris que chez nous, c est même souvent le contraire et c’est sans aucun doute beaucoup plus respirable…
En attendant, j’ai passé une très bonne journée à crapahuter au milieu de tout ça.
Pour l’instant pas trop de contacts avec les Lithuaniens (même si cela ne m’empêche pas de remarquer que ces demoiselles sont fort charmantes). Les plus jeunes parlent anglais pourtant. Il faudrait quand même pas que l’occidentalisation se fasse trop vite, hein!
Bref, je rentre ce soir humide mais heureux… j ai même sympathisé avec des Américains pour fêter ça… la vitnuka (une des bières locales) est très bonne d ailleurs…
bises à vous,
Simon, Vilnius, Lituanie, 25/8/04
PS : Épargnez-moi les blagues sur Bertrand, on me les a déjà faites a peu près 15 fois.
Troisième journée a Vilnius : basket fever !!
La ville méritait bien que je m’arrête un peu et profite d’elle. Cela fait trois jours que j’use mes semelles sur ses trottoirs et je découvre jour après jour de nouvelles choses… je commence à avoir mes petites habitudes, café du matin dans le même bar, petit encas vers 3-4 heures… les gens commencent à me connaître, c’est plutôt sympathique.
Hier je me suis éloigné un peu du centre pour voir un peu le côté « off » de la ville. Encore une fois, j ai été plutôt surpris, il y a des immeubles certes, souvent ils sont plutôt gris… mouais… mais guère plus que par chez nous en tout cas.
Et puis tout est « surprenemment » propre. Pas un papier par terre, même pas un journal (je désespère d’en trouver un pour en mettre des bouts dans mon journal a moi – je vais devoir
en acheter un -, pas de sacs plastiques… Ils ont du prendre exemple sur les pays du nord. Rigueur et propreté, ça fait peur c’est sûr mais c’est vrai que sur ce point c’est agréable…
Petite anecdote sympa : les parcmètres. Ici, ils ont deux jambes, deux bras même, ils parlent aussi et vont à l’encontre des voitures qui arrivent pour leur demander leur petite obole. Il y en a donc un sacré paquet en ville. Ils sont tous de jaune fluo vêtus, on ne peut donc pas les louper… C’est normal après qu il y ait pas beaucoup de chômage !
Et puis, hier il y eut le choc, le truc qu il fallait vivre, ici et au bon endroit.
J’avais donc pass’ la plus grande partie de ma journée a crapahuter dans la ville et nous nous étions donnés rendez-vous avec mes deux amis américains dans un café des sports pour 16h20.
Pourquoi cette heure ? L ‘équipe lithuanienne de basket jouait son quart de finale contre la Chine et il ne fallait pas manquer ça. Ici, le basket est le sport numéro un et de loin alors vivre un match dans un pub plein à craquer, c’est vraiment quelque chose.
Imaginez deux cents personnes agglutinées dans ce bar, un écran géant instalée comme ils peuvent, des litres et des litres de bière qui sont ingurgités rapidement, une ambiance de tonnerre (impossible d’entendre le commentateur!). Ce fut un grand moment dans ma vie de
téléspectateur.
Certes, ce n’est sans doute pas la manière la plus élégante de découvrir un pays et ses coutumes mais c est quand même bien sympa de se laisser emporter dans une telle joie populaire. Les drapeaux étaient hauts, les visages peinturlurés de jaune, de vert et de rouge et les voix portaient haut dans le bar… Un chouette moment.
Allez je vous laisse, il y a du monde qui attend derrière moi… c’est vrai qu’on a Internet gratuit à l’auberge… alors faut bien le laisser pour tout le monde.
bises de Vilnius,
Simon
Dernier jour à Vilnius : le musée du génocide des Lithuaniens par les Russes
Allez je profite de la pluie qui redouble pour en terminer avec Vilnius.
Hier je suis allé au musée du génocide des Lithuaniens par les Russes. Ca refroidit sérieusement l’ambiance. Il ressemble d’ailleurs étrangement au musée Pol pot a Phnom Penh (sur le génocide organisé par les Khmers Rouges).
Ici encore, nous sommes sur le lieu des faits et on entre pleinement dans toute l’horreur qui a pu survenir ici. D’extérieur, on voit un bâtiment normal, pas plus effrayant, en plein milieu de la ville, qui ressemble à tant d’autres a Vilnius.
Et puis on entre, et là on rentre le bide, on respire fort et on y va. Le musée essaie de montrer telles qu’elles étaient les différentes cellules de détention et de torture mises en place par les
Russes entre 44 et 64 à peu près.
C’est assez indescriptible. On navigue entre un mauvais film américain anti-russe (les pièces des officiers avec le vieux téléphone de contrôle, les uniformes accrochés, les indications en russe…) et des faits qui font réellement flipper quand on lit ce qui c’est réellement passé ici. Le tout fait un peu faux, reconstitué, mais les photos présentées prouvent la véracité des mises en scène (c’est fou quand même comment on a des images dans la tête à cause de la télé, des films, etc !.)
Après donc ces fameuses pièces des officiers (très Papa Schultz dans l’ambiance), le reste est beaucoup moins drôle puisqu’on peut visiter une après l’autre les différentes cellules de détention qui vont crescendo tout au long du musée.
On commence par la cellule de bienvenu pour mettre dans l’ambiance. Elle mesure exactement 0,60 m2. Pas d’ouverture évidemment. C’est là que les prisonniers étaient placés à leur arrivée. Ils pouvaient y rester 3 a 5 heures. Ensuite, on voit les cellules dites « normales ». C est à peu près l’image que l on peut avoir de nos cellules : une table, deux lits, deux chaises pour une 10aine de m2 sauf qu’ils étaient jusqu’à 20 là-dedans.
Viennent ensuite les salles de rétention (a peu près les mêmes que les premières sans lumières, juste un peu plus grande puisqu’il faut mettre les chiottes) mais les prisonniers qui y allaient pouvaient y rester plusieurs jours !
La salle d’interrogatoire pour les prisonniers difficiles ou importants est aussi particulièrement horrible. Toute cette pièce est insonorisée pour que les autres prisonniers ne puissent pas entendre les cris des tortures car, ici évidemment, on interroge pas assis sur une chaise les yeux dans les yeux.
Non, c est plutôt attaché par des chaînes les bras en croix… ça fait froid dans le dos.
Et puis celle qui m’a sans doute le plus marqué car je ne comprends toujours pas comment on peut penser à cela… Vous avez une pièce assez petite avec un fond en arrondi et au milieu de celle-ci un petit monticule, tout petit, tout ridicule. Pendant l’hiver, les Russes y mettaient les prisonniers les plus rebelles pour les calmer.
Le principe était de remplir la cellule d’eau gelée (il fait -30 souvent en hiver) et d’obliger le prisonnier a se tenir debout sur le petit monticule. Évidemment au bout de plusieurs heures, celui-ci tombait de fatigue dans l’eau gelée. Les Russes les laissaient la dedans des journées… Tout simplement effarant…
Et puis il y a tout le reste que je ne vais pas vous raconter car j’ai à nouveau la chair de poule rien que d y repenser… non, franchement, ce fut un moment intense, assez représentatif de toute l’horreur que la nature humaine peut contenir…
Bon je vais pas vous laisser comme ça quand même alors je finis avec ce matin. Pour une fois je suis parti dans le sens inverse au centre ville (mon auberge est a peu près à 1,5km) pour voir ce qu il y avait un peu plus loin et là j ai pris un grand plaisir à trouver des rues défoncées, des gens dans la rue qui bossent dehors avec la musique a fond, des maisons un peu plus cracras mais où on voit la vie qui en déborde… c’est sûr c’est moins beau que le centre mais ça fait du bien de voir des gens et de la vie un peu.
Je pense que le reste de la Lithuanie doit plus ressembler a cela, je ne le verrai pas tant pis.
Je pars demain matin a Riga en Lettonie. J’essaierai d’y aller voir un peu plus en profondeur cette fois ci.
Allez je vous laisse quand même, c est pas tout mais un superbe temps de novembre m’attend… Hummmm, j’en frémis rien que d y penser…
allez bises a tous et courage pour ceux qui bossent
Simon, Vilnius, Lituanie, 27/08/04